Deux ans après le superbe EP "1 On 1", Distance récidive avec cette longue plongée en eaux troubles qui fait, encore aujourd'hui, office de modèle du genre.
A la fois langoureux et tribal, "My Demons" est un condensé d’ondes vibrantes et graves d’un autre monde que les multiples effets de spatialisations décuplent parfaitement. Naviguant entre science-fiction d’anticipation et désolation urbaine ("Tuning" contient des samples du film "Dark City" de 1998), l’ensemble est un miroir de nos angoisses intérieures perfusées aux lignes de basses gutturales ("Confined") et embrouillées par la fumée des usines et le bruit des machines.
Du mélodique titre éponyme "My Demons" au tonitruant "Traffic" et son énorme tuerie à 2:44, cet album à la personnalité débordante et à la puissance ravageuse retranscrit toute la noirceur du dubstep originel. Les basses chaleureuses cèdent ainsi leur place à des lignes mélodiques ultra sourdes et la batterie et les cuivres à des breaks technoïdes syncopés. Dans la continuité du dub et de la musique électronique anglaise, la ligne de basse est encore et toujours au centre de tout, et les deux titres d’introductions "Night Vision" et "My Demons" devraient aisément vous en convaincre.
Un album plutôt rigoureux qui laisse quand même plusieurs portes ouvertes, les néophytes peuvent ainsi s’y aventurer avec bon espoir d’y trouver quelque chose à se mettre sous la dent. La dernière piste est la sublissime et atmosphérique "Delight", un final paisible après un tour de montagne russe nocturne qui vous retournera les tripes. Distance, en bon cavalier, vous offre une part de l’apocalypse.
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