En musique comme dans de nombreuses formes d’expressions artistiques, chaque mouvement apparaît en réaction au précédent. Le brouillon punk réagissait violemment aux dérives pompières du rock progressif, la techno avec son obsession des lignes pures, des beats clairs et de l’anonymat, s’élevait contre l’égocentrisme et le verbiage du rock. Mais chaque scène bénéficie également en son sein de ses remises en question esthétiques.
Née dans les années 80, la techno aussi connut ses dérives. Ainsi au début des années 90, la Techno dite "minimale" est apparue en réaction aux formes commerciales d’une house music devenue insipide et d’une techno trop rapide et trop forte, entièrement bâtie autour de beats bourrins et d’effets de manche artificiels.
Dépouiller la techno de ses artifices, lui faire subir une cure d’amaigrissement puis la déconstruire encore et encore jusqu’à ses plus extrêmes limites. Dans le domaine du minimalisme pur, cette musique est un exercice équilibriste de statisme et d’hypnose.
La persistance du beat, d’une rigueur implacable, est ici à peine déséquilibrée par des basses omniprésentes qui élèvent l’ensemble à l’expression ultime d’un immobilisme impossible. La techno minimale est un appel à la danse qui n’arrive jamais. Un pur exercice de frustration, entièrement cérébral, et pourtant totalement fascinant. Une véritable expérience.
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