Sandwell District - Feed-Forward

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Auteur: NDrake
Évaluation:
Saturday, 14 April 2018
Toute entrée est définitive. Les alchimistes de Sandwell District incorporent des éléments d’ambient à leur techno radicale et parviennent à parfaire à l’extrême le résultat de cette fusion dont ils sont passés maîtres. "Feed-Forward", leur unique album, est une balle perdue de l’underground.
Sandwell District est le nom d’un collectif de créateurs de musique électronique créé en 2002 et composé de Regis (Karl O’Connor), Female (Peter Sutton) et Function (Dave Summer) qui distille avec une fréquence aléatoire sa techno sombre et organique. Sorti de manière ultra confidentielle, les artistes s’effaçant derrière le nom du label, lui même absent de l’artwork sobrement punk, "Feed-Forward" est un manifeste qui replace la musique, et surtout la techno, au centre de tout.
Chargée en permanence d’une subtilité mélodique sous tension suivant des codes à la logique aussi impénétrables qu’une none catholique intégriste, Hunting Lodge, avec son rythme frénétique, est le sommet d’une montée permanente en intensité où les pistes calmes d’ambient feutré viennent accompagner et mettre en valeurs les multiples étapes d’un voyage où la techno sonne aussi pure que du cristal.
Les classifications portant sur un domaine technique et limité sont généralement bien admises, mais celles à vocation universelle et artistique ne peuvent faire abstraction d’un point de vue et sont, de ce fait, l’objet de nombreuses interprétations. La techno, telle qu’elle est pratiquée par Sandwell District, est toute autre que celle présente aujourd’hui dans l’imaginaire collectif.
Classer de la musique dans un style spécifique, c’est dire comment le travail de chacun se situe par rapport à celui des autres, et ces découpages conceptuels se distinguent en fonction du formalisme apporté aux relations entre ces styles et à l’arborescence qui en résulte. Chacun ayant tendance à surestimer l’objectivité de sa propre pensée classificatrice et le grand public étant par définition largement majoritaire en nombre, la techno « pure » a même finie par être perçue de manière négative par le grand public, trop violente, trop élitiste comparée à une techno plus dansante en réalité plus proche de la house.
L’abstraction de point de vue nécessaire à une classification objective semble donc mal s’accorder avec le domaine musical et l’art en général, touchant par définition à l’émotif. Mais n’est-ce pas réducteur de mettre à l’écart une réalité trop complexe pour être pensée de façon unitaire dans sa diversité, de s’extraire de la relativité constitutive de l’expérience, de risquer de passer à côté de l’expérience intense qu’est l’exploration de la matière sonore édifiée par Sandwell District et, in fine, d’assimiler la techno à un seul concept dansant?
Pour savoir que oui, c’est réducteur, appuyez sur play. Bordel.

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